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Paris, Collège des Bernardins, 16 mars 2024 — Frédéric Norac

Aèdes chez les Bernardins : Requiem de Fauré et Via Crucis de Liszt

Franz Liszt (photograpghie de Wesenberg, Saint-Pétersbourg).

Avec ce concert de l’ensemble Aèdes, s’achevait le « Festival des Heures », organisé par le Collège des Bernardins. Un concentré de musique sacrée qui, sur deux jours, réunissait quelques-unes des pièces les plus célèbres de ce répertoire : Stabat Mater de Pergolèse, Passion selon saint Jean, Sept dernières paroles du Christ en Croix de Haydn dans deux versions, auxquelles venait s’ajouter un concert réunissant l’écrivain François Cheng et Thierry Escaich au piano. Matthieu Romano avait choisi de donner le rare Via Crucis de Franz Liszt en première partie du Requiem de Fauré, dans sa version « originale » pour orgue et chœur.

L’œuvre de Liszt est une curieuse mosaïque qui évoque les quatorze stations du « Chemin de Croix » en intégrant quatre pièces pour orgue (ou piano), un choral de Leo Hassler, un fragment de Stabat Mater pour chœur de femmes repris trois fois, deux chœurs d’hommes, deux interventions d’un baryton soliste et une hymne donné à l’unisson en procession et en version polyphonique en conclusion. Cette version intégrait également des extraits de poèmes de Marie-Noël dont on ne peut pas dire qu’ils aident à créer une véritable unité dans ce corpus éclectique. Les passages à l’orgue en sont sûrement les parties les plus modernes, donnant une sensation d’improvisation et créant ce climat intense, mystérieux et méditatif qu’on aimerait trouver dans l’ensemble de la pièce qui, malgré la qualité du chœur, nous a semblé compromis par de trop nombreuses ruptures (et l’intervention impromptue d’un téléphone portable introuvable).

Avec le Requiem de Fauré, le public est en terrain connu. Le chœur s’y révèle insurpassable, magnifique d’homogénéité, de clarté dans la polyphonie et de beauté des voix, capable d’une incroyable puissance malgré un effectif assez réduit. On saluera la performance de la soprano Agathe Boudet dans le « Pie Jesu » où la pureté cristalline de sa voix évoque à s’y méprendre le soprano enfantin pour lequel il fut d’abord écrit. Le baryton Pierre Barret-Mémy, déjà peu assuré dans le Via Crucis, convainc moins dans le « Libera Me ». La voix trop claire manque d’assise et ne s’affirme tout à fait que dans sa dernière intervention de l’Hostias. L’accompagnement à l’orgue, assuré par Louis Noël Bestion de Camboulas, renvoie à la première version du Requiem, celle de 1888, bien que le « In Paradisum » final soit un ajout postérieur. Dans le quiétisme de la musique de Fauré, les quelques extraits des poèmes mystiques de la poétesse s’intègrent à merveille. En manière de bis, l’ensemble offre le célèbre Cantique de Jean Racine dont, faut-il en incriminer le compositeur, les interprètes ou l’acoustique des voûtes du Collège, le texte reste résolument incompréhensible.

plume_07 Frédéric Norac
16 mars 2024
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